Qui sommes nous ?
Pour en savoir plus sur l’Association P.A.R.E.S.S.E. le mieux est peut-être de lire l’entretien donné à la journaliste Sandrine AUGET durant le mois de mars 2005.
Si vous restez sur votre soif il ne vous reste plus qu’à nous contacter ...
1. Qu’est-ce qui vous a motivé à organiser une foire alternative et biologique à Trégunc ?
Réponse collective : Une telle foire, déjà parce que l’économie et l’environnement sont des sujets qui nous tiennent à cœur. C’est sur cet axe central que nous souhaitons agir. Nos ressources naturelles sont limitées. Nous nous devons de les préserver et de modifier nos fonctionnements.
L’agriculture intensive et l’économie libérale épuisent les ressources, nécessaires à la pérennité de notre espèce.
Cet évènement a donc pour but de permettre aux habitants de Trégunc et d’ailleurs de s’interroger sur les alternatives au système économique actuel.
Pourquoi à Trégunc ? D’une part parce que cette commune est d’ores et déjà à l’origine d’actions tournées vers l’alimentation biologique (marché bio, cantines bio). D’autre part parce que nous avons mené cette réflexion conjointement avec certains membres de l’association ATTAC de Trégunc, déjà active et notamment sur les sujets des O.G.M., du travail et de la décroissance.
2. « PARESSE », quel drôle de nom pour un groupe de gens très actif !
Réponse collective : PARESSE signifie Programme Alternatif pour une Relocalisation de l’Economie et une Société Solidaire et Emancipatrice.
C’est vrai que nous sommes très actifs, car nous sommes « paresseux », mais pas feignants ! Nous ne sommes pas partisans du « ne rien faire », mais plutôt du « faire différemment », en tenant compte des ressources de la planète et des capacités de chaque individu.
L’intitulé PARESSE renvoie de façon volontairement provocatrice au concept de travail, concept qui dans l’esprit de beaucoup de nos contemporains est associé à celui de valeur. Or, dans la mesure où l’outil de production n’appartient pas à celui qui fournit sa force de travail et, qu’en conséquence, il s’agit de se vendre pour vivre (voire pour survivre pour plus de la moitié de l’humanité), il apparaît clairement que sous cette forme, le travail est une activité aliénante. André GORZ, auteur incontournable si l’on veut réfléchir sur le thème du travail, a écrit dans son ouvrage Misères du présent, richesse du possible, aux éditions Galilée :
L’intégrité d’une personne est toujours en jeu, qu’on prostitue son corps, sa plume, son intelligence, son talent ou tout autre ressource non détachable du sujet qui la met en œuvre
Nous sommes pour notre part convaincus que le salariat et le capitalisme constituent deux entraves majeures à l’émergence d’une humanité respectueuse d’elle-même et de son environnement.
Il est important pour nous de réduire le temps de travail, de s’économiser pour avoir plus de temps libre et de partager les richesses. Du temps à consacrer pour se cultiver, produire des choses soi-même et en tous les cas, sortir du système de consommation actuel. Une activité est certes nécessaire pour que les échanges soient possibles entre les individus et que chacun participe à la vie collective, mais une alternative au travail contraint, plus ou moins présenté comme nécessaire, est envisageable.
3. Qu’entendez-vous exactement par « Relocalisation » ?
Réponse collective : La relocalisation est un axe important de notre pensée et de notre action. Ce vocable recouvre l’idée générale qu’il est indispensable de favoriser, entre autres, les autonomies alimentaires et énergétiques au niveau de structures locales. Si l’on prend comme référence géographique et politique le pays, ou mieux encore la région, et pourquoi pas les communautés de communes, chacune de ces entités géographiques devraient être en mesure de produire ce dont elle a besoin, en utilisant préférentiellement les spécificités climatiques, agricoles, culturelles…, dont elle dispose.
À contrario, la conséquence la plus immédiate de l’élargissement de l’espace européen a été un accroissement spectaculaire du trafic routier. Peut-on raisonnablement justifier les pollutions considérables engendrées par ces norias de bateaux, d’avions ou de camions, par le seul fait de pouvoir manger des tomates cultivées hors-sol en plein cœur de l’hiver, ou d’arborer des chaussures de sport fabriquées en Chine ou au Vietnam pour un coût salarial de 1.66 dollars, et qui seront revendues 70 dollars ?
Aussi, en ayant à la base plus de temps libre, nous pouvons porter plus d’attention au lieu dans lequel nous habitons, rencontrer des gens qui ont une activité près de chez nous, et donc soutenir une activité locale qui évite des dépenses de carburant, une pollution, des exportations à outrances, etc.
L’optique est de partager les richesses équitablement, car il existe actuellement un déséquilibre total entre les pays du Nord et ceux du Sud, au dépend de ces derniers. Ils ont à peine de quoi survivre, quasiment toutes leurs productions étant destinées aux pays du Nord. Ces inégalités se retrouvent également au sein des pays du Nord, où l’on trouve des riches tout comme des pauvres. Si certains veulent croire que c’est la fatalité et que c’est naturel, nous nous refusons à cette idée.
Il s’agit donc de réorganiser l’économie différemment, de ré-instaurer une économie locale qui romprait les dépendances mais qui n’empêcherait pas les échanges, qui se feraient de manière solidaire.
C’est donc une idée qui s’entend à l’échelle du monde, en considérant non pas le pays, ni le continent, mais l’habitant. Les premiers pays à souffrir de la pollution sont et seront les pays du Sud, les pays du Nord étant capables d’y produire et d’y exporter ses pesticides, de polluer l’eau… Il est temps d’arrêter le massacre, plutôt que d’envoyer ailleurs ou de chercher ailleurs. Aller chercher de l’eau sur Mars n’est pas la solution.
4. Il est question souvent, dans les politiques actuelles, de « développement durable » pour rallier le système économique à la préservation de l’environnement. Que pensez-vous de ce terme ?
Réponse collective : Selon Gilbert RIST, la notion de développement est extrêmement récente. Elle fit sa première apparition dans le discours d’Harry S. Truman, Président des Etats Unis le 20 janvier 1949 :
Ainsi, à partir de cette date, plus de deux milliards d’individus vont changer de nom. Ils ne seront plus Bambaras, Shonas, Berberes, Queschuas, Aymaras, Balinais ou Mongols, mais simplement sous-développés.
Edgar Morin, pendant longtemps ardent défenseur du concept du développement, a écrit le 26 août 2002 dans Libération :
Le développement constitue un mythe typique du sociocentrisme occidental, un moteur d’occidentalisation forcené, un instrument de colonisation des sous-développés par le Nord.
Qu’il soit durable ou non, le développement est dans son acception libérale concomitant au dogme de la Croissance. Cette divine Croissance appelée de leurs vœux par tous les ténors politiques (médiatisés) de Gauche comme de Droite, n’a pas toujours été portée au pinacle. Dans les années 70, Sicco MANSHOLT écrivait :
Pour nous, dans le monde industriel, diminuer le niveau matériel de notre vie devient une nécessité. Ce qui ne signifie pas une croissance zéro mais une croissance négative (…). L’incitation à la croissance n’est en fin de comptes qu’un objectif politique immédiat, servant les intérêts des minorités dominantes.
Et nous, braves et disciplinés consommateurs, manipulés par la publicité et le discours ambiant qui, habilement, nous font croire que nous décidons de tout, les yeux brillants comme ceux des enfants à l’approche de Noël, sommes loin de nous douter que si l’ensemble de la population mondiale vivait comme nous, il faudrait deux planètes supplémentaires.
Nous vivons dans un monde fini, dans lequel, par essence, les ressources sont limitées. Il n’est donc pas question de soutenir quelque développement durable que ce soit, dans la mesure où le mot « développement » sous-entend une croissance exponentielle, alors qu’il est urgent de s’arrêter, de se poser et de réfléchir à un mode de consommation qui régénère l’eau, la terre, l’air. Nous utiliserons donc plutôt le terme de « décroissance ».
Nous pourrions aussi dire que nous sommes « paresseux », mais pas endormis ! Nous souhaitons réveiller nos consciences et celles qui nous entourent
5. Quelles informations pourrons-nous trouver lors de la foire alternative et biologique de Trégunc, et quelles rencontres pourrons-nous y faire ?
Réponse collective : Environ 70 exposants seront réunis pour présenter leurs activités : éco-habitat, plants, semences et alimentation biologique, éco-produits, artisanat, associations. Ce sera l’occasion pour chacun de s’informer et d’agir en faveur de l’agriculture biologique, du développement de l’économie locale, de la maîtrise et l’utilisation des énergies renouvelables. Au programme, conférences et animation pour petits et grands :
François VEILLERETTE & Lilian LE GOFF interviendront de manière commune autour de l’alimentation bio et les dangers des pesticides : « La santé de l’homme reflète la santé de la Terre »
Denis BAYON, économiste, membre du journal La décroissance, proposera une conférence intitulée
« La décroissance : vers la sobriété écologique ? »
Sylvie Simon, journaliste scientifique, abordera la question des vaccinations et de la désinformation médicale.
Erwan Davy nous donnera des clés pour comprendre comment et pourquoi maîtriser la consommation d’énergie et utiliser des énergies renouvelables.
Sans oublier des ateliers débats sur la constitution européenne.
Des animations pour enfants avec le spectacle pédagogique d’Iwan Laurent « Le Lombric fourchu », l’association Natur’aufil, des contes avec Gwen Le Dore. Pour tous, apprendre à utiliser l’ortie, à fabriquer du papier recyclé et autres choses simples, pas chères, utiles et agréables avec l’association Marjolaine. La Maison de le Bio proposera animation et sensibilisation à la restauration collective bio, et une démonstration de technique et d’outils de jardinage bio.
Dans le cadre d’un atelier shiatsu (acupression d’origine japonaise), M. Sancéau, ses élèves de Rennes et le centre sportif du Brucou vous permettrons de ressentir pratiquement les bénéfices de cette activité.
Artistes et associations présenteront leurs expositions : René Bickel, à la fois utopiste, idéaliste, anarchiste... et en tous les cas dessinateur et notamment illustrateur dans la revue Biocontact, Robert Algranti, photographe, qui nous fera découvrir les beautés d’un monde de plus en plus pollué par l’inconscience humaine, des glaces du Groenland jusqu’aux îles coralliennes des Maldives, en passant par les neiges de l’Himalaya, et Eau et Rivières, sur les communes et les jardins sans pesticides.
Et pour les gourmands, ateliers sushis et desserts aux algues avec France Lemonier.